La Section ou plutôt « Le Cercle des Jeunes Bleus » a été créé en 1900. Les Archives de la Compagnie en font peu écho.
Le carnet précité nous livre la liste des membres versant une cotisation en 1902. A peu de chose près, il s’agit des fondateurs qui sont au nombre de vingt-six. Nous les citons par ordre alphabétique avec, entre parenthèses, la date de leur prestation de serment en qualité de cadets de Saint-Georges, pour les plus anciens, de confrères pour les plus récents :
Louis BROUHA (1902), Joseph BROUHA (1895), René CHOUFFART (1890), Eugène DEGREEF (1903), Joseph DELVAUX (1902), Edmond DOSSIN (1892), Alphonse EVRARD (1886), Victor EVRARD (1888), Martin GALERE (1903), Fernand HALLET (1895), Paul HARDY (1900), A. JANS, Auguste JOSKIN (1899), Louis MAES (1895), Gérard MATHOUL (1902), Gustave MOONEN (1899), Joseph PAULUS (1895), François PEROT-PAULUS (1903), François PEROT-DOSSIN (1901), Théodore PEROT (1900), Philippe QUADEN (1888), Léonard RION, Henri ROUJOB (1890), Michel WARNOTTE (1898), Jacques WATHELET (1895).
Comme on peut le constater, il n’était pas nécessaire d’avoir prêté serment pour intégrer le cercle : certains le font en 1902, d’autres à une date postérieure. Cette liste comprend nombre de dignitaires futurs de la Compagnie, notamment Joseph PAULUS (général-président de 1938 à 1958) et François PEROT-DOSSIN (colonel en chef en 1925, puis mayeur en 1936, enfin président d’honneur en 1949). Trois de ces Jeunes Bleus connurent un destin tragique, en août 1914 : deux furent massacrés par les troupes allemandes, Joseph BROUHA (major porte-cornette) et Léonard RION, tandis qu’Adolphe EVRARD mourut en combattant pour la défense d’Anvers, en septembre 1914.
Dans un autre registre, citons le cas de Louis MAES qui ne resta membre que deux ans (1902-1903), avant de créer une harmonie réputée qui devint en 1910, la fanfare des Francs Arquebusiers qu’il avait alors rejoints.
De nouveaux membres se sont inscrits dans les années ultérieures, alors que certains quittaient le cercle, atteints par la limite d’âge ou parce qu’ils devenaient officiers.
On compte six nouveaux membres en 1904 (dont Florent VLIEGEN), cinq l’année suivante, treize en 1906 (dont Maurice DOSSIN, Maurice PINCKAERS et le chef d’harmonie adjoint, Lambert PURNOTTE), cinq inscriptions en 1907 et 1908 (Alfred PEROT, futur Roy) et Jean LENOIR (futur colonel secrétaire, puis mayeur en 1959), trois en 1909, 1 en 1910, trois en 1911, quatre en 1912 et 1913 (dont François KICKEN, futur tambour-major). Le total général fait état de septante-cinq membres entre 1902 et 1914.
Le nombre des membres, année par année, est toujours supérieur à vingt-cinq, avec un maximum de quarante en 1907. Le total fléchit à partir de 1910, à la suite de l’épisode des Enfants de Bavière qui entraîne quelques désistements, de l’ordre de 20 % de l’effectif, comme pour l’ensemble de la Compagnie (cf. annexe 1).
Annexe 1 : Nombre de membres du Cercle des Jeunes Bleus
Année | Membres effectifs | Membres protecteurs | Membres honoraires |
1902 | 26 | 46 | |
1903 | 26 | 39 | |
1904 | 29 | 28 | |
1905 | 32 | 31 | |
1906 | 39 | 40 | |
1907 | 40 | 20 | 19 |
1908 | 35 | 16 | 25 |
1909 | 35 | 23 | 21 |
1910 | 28 | 16 | 21 |
1911 | 25 | 18 | 23 |
1912 | 27 | 21 | 25 |
1913 | 28 | 20 | 25 |
1920 | 23 | ||
1922 | 66 | 21 | 36 |
Annexe 2 : Principaux dirigeants du Cercle des Jeunes Bleus
Année | Président | Trésorier | Commissaire aux comptes |
1902 | Philippe QUADEN | Joseph PAULUS | |
1903 | Philippe QUADEN | Joseph PAULUS | |
1904 | Philippe QUADEN | Joseph PAULUS | |
1905 | Philippe QUADEN | Joseph PAULUS | |
1906 | Philippe QUADEN | Joseph PAULUS | |
1907 | Philippe QUADEN | Joseph PAULUS | |
1908 | Georges DOSSIN | Joseph PAULUS | |
1909 | Fernand MARTIN | Maurice DOSSIN | |
1910 | Paul HARDY | Maurice DOSSIN | |
1911 | Paul HARDY | Maurice DOSSIN | Maurice PINCKAERS |
1912 | Paul HARDY | Maurice DOSSIN | Victor PEROT |
1913 | Victor PEROT | Jean LENOIR fils | Armand STRANG |
1914 | Victor PEROT | Jean LENOIR fils | Armand STRANG |
Les activités
L’essentiel des activités des Jeunes Bleus consiste à organiser un bal de fin d’année. En 1902 cependant, une facture de 71,55 francs d’un hôtelier laisse supposer qu’un banquet a eu lieu dans un établissement de la ville. Cette initiative ne sera pas renouvelée.
La presse fait écho de l’organisation de ce bal annuel ; ainsi Le Petit Populaire des 21 et 22 décembre 1907 cite : « C’est au dimanche 29 décembre qu’est fixée la soirée intime du Vaillant Cercle les Jeunes Bleus (section de la Gilde Royale des Anciens Arbalétriers Visétois). On sait combien est grand le succès obtenu chaque année par cette séance qui se donne par invitations et à laquelle prendront part … violoniste, (…). La soirée se terminera par une partie de danse ».
Cet article nous apporte divers éléments concrets : la soirée a lieu le dimanche avant le réveillon et non lors de celui-ci ; par ailleurs, il s’agit d’une manifestation sur invitation comme le terme « intime » le laisse sous-entendre.
Elle comporte deux parties : tout d’abord une récréation musicale avec des artistes, ensuite un bal animé par un orchestre local, celui de Lambert PURNOTTE à partir de 1909. Peut-être auparavant d’ailleurs, étant donné qu’il avait remplacé Arnold JAMINET comme chef d’harmonie en 1907.
L’année suivante, le notaire honoraire Victor HORION, compose un chant « Le Cantique du Bleu », qu’il dédie aux Jeunes Bleus de Visé, en souvenir de la belle soirée du 27 décembre 1908.
Recettes et dépenses (cf. annexe 3)
Le poste « recettes » est en constante augmentation, allant de 179,22 francs en 1902 à 533 francs en 1912. Il faut noter qu’en 1910, les Jeunes Bleus ont versé 100 francs à la Compagnie comme souscription aux grandes fêtes jubilaires.
L’essentiel de ces recettes provient des cotisations des membres du Cercle, des souscriptions de membres de la Compagnie et à partir de 1907, des dons effectués par les membres honoraires. Ceux-ci sont le plus souvent d’anciens Jeunes Bleus qui portent l’uniforme de l’Etat-Major du Général et qui continuent à soutenir la Section.
Les cotisations annuelles sont de 3 francs, mais certains (probablement les cadets) ne paient que 1,50 franc.
Cette partie des recettes s’élève à 58 francs en 1902, 315,50 francs en 1908, 275 francs en 1913.
En 1908, année record, on a quasi trois parts égales :
115,50 francs pour les cotisations, 105 francs pour les souscriptions et 95 francs pour les membres honoraires.
Annexe 3 : Comptes du Cercles Les Jeunes Bleus – Etat des recettes et dépenses (en francs)
Année | Recettes | Dépenses | Balance |
1902 | 179,22 | 179,22 | 0 |
1903 | 342,50 | 286,50 | 56,00 |
1904 | 362,10 | 340,55 | 21,55 |
1905 | 325,40 | 316,45 | 8,95 |
1906 | 554,15 | 540,48 | 13,67 |
1907 | 532,87 | 529,07 | 3,80 |
1908 | 483,80 | 425,00 | 58,80 |
1909 | 515,85 | 435,15 | 80,70 |
1910 | 515,75 | 476,20 | 39,55 |
1911 | 468,45 | 441,57 | 26,88 |
1912 | 533,00 | 460,30 | 72,70 |
1913 | 492,90 | 417,85 | 75,05 |
Mais les Jeunes Bleus ne pouvaient boucler leur budget sans l’aide de la Compagnie et celle du tenancier du local, qui est également mis à contribution en raison des bénéfices qu’il retire d’une telle soirée.
Le subside de la Compagnie passe de 40 francs en 1902 à 100 francs en 1906 (curieusement, il n’y a pas de dons pour les années 1903, 1904 et 1905), 150 francs en 1910, 125 francs en 1911 et en 1912, 100 francs en 1913.
Le tenancier est mis à contribution pour 79,66 francs en 1902, puis pour 75 francs durant le reste de la période.
Enfin, un fait remarquable mérite d’être signalé : lors de cette soirée, les Jeunes Bleus organisent à partir de 1910, une collecte pour le Musée de la Compagnie ; elle rapporte 54 francs, puis 50 francs l’année suivante, 36,50 francs en 1912, 37,10 francs en 1913.
Peut-être faut-il y voir l’origine de la collecte organisée à l’heure actuelle, lors de la séance académique de nos fêtes ?
Le lien entre les deux paraît assez évident.
Les dépenses suivent la même courbe ascendante, passant de 179,22 francs en 1902 à 550,48 francs en 1906, pour diminuer les années suivantes (417,85 francs en 1913).
Deux postes sont importants : l’orchestre et les artistes. Au départ, l’orchestre ne coûte que 40 francs, puis 55 francs en 1903, 67 francs en 1904, 77 francs en 1906, 84 francs en 1907, 94 francs de 1909 à 1913. Le nom du chef d’orchestre, Lambert PURNOTTE, est mentionné à partir de 1909.
On engage pour la première fois des artistes en 1903 pour un montant de 70 francs, puis 91 francs l’année suivante, 85 francs en 1905, mais 247 francs en 1906, 222,50 francs en 1907, 160 francs en 1908, 156 francs en 1909 et des montants allant de 150 à 200 francs jusqu’en 1913.
A partir de 1909, les noms des artistes prestataires sont mentionnés dans les comptes. Si ces noms ne nous disent plus grand-chose, on peut voir ceux qui ont le plus de succès, c’est-à-dire ceux qui reviennent chaque année et ceux qui coûtent le plus cher.
Epinglons pour cette dernière catégorie, mademoiselle GILIS (60 francs), mademoiselle Louise FORGEUR dite Fanny LEGRAND (50 francs) et mademoiselle KISSELSTEIN (40 francs). Remarquons qu’il s’agissait de trois demoiselles qui, sans conteste, devaient posséder une voix d’or !
Parmi les habitués, relevons messieurs MOLDERS, Léon MAX et HENRION, dont les tarifs sont nettement inférieurs à ceux des demoiselles précitées …
Les comptes sont tout juste en équilibre en 1902, puis les Jeunes Bleus dégagent un léger bénéfice de 1903 à 1907, bénéfice qui va en s’accroissant à partir de 1908.
Il faut néanmoins reconnaître que sans l’aide du tenancier et de la Compagnie (175 francs en cumulant les deux), la balance serait en déséquilibre. Mais, pour parler simple, le jeu n’en valait-il pas la chandelle ?
Cette nouvelle section de la Compagnie constitue un vivier de choix dans laquelle celle-ci va pouvoir recruter de nouveaux officiers.