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1. L’arbalète permet de défendre Visé.

De tous temps, les Arbalétriers ont, par obligation, pratiqué le tir à l’arbalète pour défendre leur ville, son marché, le port sur la Meuse, l’acheminement des produits et denrées dans la Cité.
La première mention de leur participation à un concours de tir date de 1441. Cette rencontre « sportive » mettait en compétition la plupart des Bonnes Villes des Pays de Liège et de Looz.
Elle est relatée dans la « Chronique de Jean de Stavelot », moine bénédictin de l’abbaye de Saint-Laurent, à Liège.
Au XVIème siècle, le Compagnie possédait « un Jardin ou trairie estant proche de la porte de Postice » (porte de Mouland).


gravure de la Porte de Postice . Arthur Delgoffe.

La Compagnie s’y fait livrer « 150 blanches pierres pour la muraille qu’elle fait ériger à jardin de Léonard le Merchier, joindant à jardin de la Compaignie, et extant à la Trairie desdits Arbalétriers ».
Ce texte montre bien que les Arbalétriers tiraient alors sur des cibles, étant donné qu’ils avaient construit un mur de protection devant le jardin de Léonard le Merchier.

En 1568, lors de l’entrevue entre le terrible Duc d’Albe, gouverneur des Pays-Bas, et le prince-évêque Gérard de Groesbeek, des fêtes splendides furent organisées dans notre petite ville. Les augustes visiteurs honorèrent de leur présence un « Tir à l’Oiseau », offert par les Arbalétriers. A cette occasion, ceux-ci reçurent du gouverneur sanguinaire, une magnifique arbalète incrustée d’ivoire, qui constitue le clou de notre collection actuelle.

Dans son mandement du 4 août 1611, le prince-évêque Ernest de Bavière, rappelant les droits et devoirs de la Compagnie, disait qu’ils pouvaient « battre le tambour pour tirer le papegaye et les exercices ordinaires ».

Un acte du magistrat de Visé, daté du 20 mai 1710 déclare que les membres de la Compagnie pouvaient « aller tirer à l’arbalète audit jardin (de la Trairie), tous les jours que bon leur semble parmy demandant la clé que le sieur Jacques Rysack ne pourrat refuser ».

Quelques années plus tard, en 1713, les deux compagnies armées firent élever, à frais communs, un magnifique paldiet (perche à l’oiseau) « au faubourg de Souvreit ». Quand on tirait l’oiseau royal, elles avaient droit à une gratification du Magistrat. S’agissait-il encore d’un tir à l’arbalète ou d’un tir à l’arquebuse ? Le contexte ne permet pas de le préciser, mais ce texte nous apprend qu’outre le tir à la cible, les Arbalétriers pratiquaient également le tir à la perche. Notre Musée possède d’ailleurs encore une arbalète confectionnée pour cet usage que l’on porte sur l’épaule en la pointant vers le haut.

Un inventaire daté de 1723 prouve que la Compagnie se servait à cette époque de sept arbalètes qui étaient confiées à certains confrères, avec la charge de les entretenir à leurs frais : la Marguerite, la Duc d’Albe, la Reute Latte (la latte raide), la Belle, la Brune, la Blanche, l’Orloge sins weine (l’horloge sans cric). Six de ces arbalètes sont encore conservées au Musée de la Compagnie.


La Duc d’Albe.

Dès la fin du XVIIème siècle, la Compagnie était devenue une société d’agrément. Par mandement du 16 août 1682, le prince-évêque Maximilien Henri de Bavière déchargea la Ville de Visé de l’obligation de solder les rentes à la Compagnie, par suite des guerres (de Louis XIV, ndlr) et des malheurs qu’elles entraînèrent.

A la fin de l’Ancien Régime, les compagnies armées ne sont plus que des sociétés d’agrément, veillant scrupuleusement au respect de leurs traditions et soucieuses de perpétuer leurs us et coutumes.